Projet avec Amnesty International : Rencontre avec Christophe Dabitch

Dans le cadre d'un projet citoyenneté en lien avec Amnesty International, Mme Ninu, professeur d'histoire-géographie et Mme Ridel, professeur documentaliste ont accueilli Christophe Dabitch auteur de la BD-reportage "Etre là" pour une rencontre avec des classes afin d'explorer la lutte pour les droits humains.
Cette rencontre est l'occasion de découvrir au Carré CDI l'exposition de quelques planches de l'oeuvre et une sélection thématique.
Enfin, l'Antenne Jeunes Amnesty du lycée a clôturé cette rencontre avec un gâteau de célébration des 70 ans de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme.

Originaire de Bordeaux, Christophe Dabitch, après des études de lettres, puis de sciences politiques,  intègre une école de journalisme. Il devient journaliste indépendant en presse écrite et audiovisuelle. Passionné de bandes dessinées, il décide de se consacrer uniquement à la bande dessinée reportage (ou reportage animé) plus ancrée dans la réalité. Il anime également des rencontres littéraires et des ateliers d'écritures dans les établissements scolaires.

 

Ce jeudi 6 décembre, c'est pour son reportage graphique, Etre là, qu'il est accueilli au CDI du lycée Bonaparte. Toute la matinée, il échange avec les élèves autour de son oeuvre, accompagné de Pierre Mitrano, bénévole à Amnesty International antenne de Toulon.

C'est également l'occasion de mettre en exergue un texte fondamental validé par de nombreux pays :  la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme rédigée en 1948 au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. M. Mitrano évoque les différents combats d'Amnesty International dans les pays cités dans Etre là (Syrie, Afrique de l’ouest, Argentine, Japon, Liban, Grèce, Cambodge ...).

 

A gauche : P. Mitrano d'Amnesty International - A droite : C. Dabitch, auteur de la BD "Etre là"

 

Dans la BD-reportage Immigrants écrite avec un collectif de dessinateurs, soutenue et parrainée par Amnesty International ; Christophe Dabitch relate une série d'entretiens avec des personnes étrangères ayant obtenu la nationalité française.

Il réitère l'expérience de la BD-reportage avec "Être là, avec Amnesty International" aux éditions Futuropolis.

Entretien entre les élèves de différentes classes et M. Dabitch (morceaux choisis)

Comment vous est venue l'idée de cette bande dessinée ?

L'idée était de raconter la réalité, de mettre en avant la situation de ces personnes dont les droits sont bafoués et voir quelles sont les répercussions sur leur vie. Garder la parole de ces gens et la confier à des dessinateurs ne les ayant pas rencontrés pour qu'ils mettent en scène ce qui est raconté. Ce sont des histoires autour de la mémoire personnelle. J'ai mis en avant le travail de chercheurs qui font des rapports irréprochables pour Amnesty International sur la situation dans ces pays. Je suis parti des entretiens de ces chercheurs auprès de ces personnes pour les transformer en récits accompagnés d'images.

Comment avez-vous choisi les dessinateurs  ?

Il a fallu trouver des dessinateurs ayant une connexion avec le pays concerné. Pour éviter les coûts, le travail des dessinateurs se fait à partir de photographies. Il doit rester au plus près des propos recueillis.

Avez-vous été influencé par Amnesty International lors de la rédaction de votre BD ?

Pas du tout, j'ai gardé mon indépendance, j'ai exigé d'avoir carte blanche. Je ne suis pas aux ordres d'Amnesty International. Ce n’est pas une organisation commerciale donc elle peut rester indépendante. Il n'y a pas eu de droit de relecture de l’œuvre sauf de façon factuelle (correction de fautes etc …). D'ailleurs, Amnesty International  n’a pas financé ce livre mais parrainé, c’est l'éditeur Futuropolis qui a tout pris en charge (payer les traducteurs ...).

Comment avez-vous procédé pour l'écriture de ce reportage dessiné ?

Etre là est une bande dessinée graphique constituée de treize reportages dans différents pays où les droits humains sont violés. Chaque reportage a une forme particulière. Ce fut un travail de deux ans : se documenter, trouver les contacts, voyager sur place (Syrie, Afrique de l'Ouest, Liban, France), écrire, voir avec le dessinateur choisi, trouver l'angle d'approche. Pour chaque dessinateur, je donnais des indications de temps et de silence. Il avait le récit avec des photographies et il l'interprétait selon sa sensibilité.

 

Comment choisissiez-vous votre angle d'approche ?

L'angle d'approche est la manière d’entrer dans le sujet. D’abord, se poser la question de son rapport au monde, de sa confiance au monde. Comment raconter cette histoire ? Comment raconter un traumatisme, l’horreur, la torture, la guerre  ? Chaque reportage s’ouvre sur un texte court qui recoupe un maximum d’informations pour introduire la personne avec une photographie in situ.

Par exemple, dans le reportage en Côte d’Ivoire : l'enquête était  basée sur des échanges de méls et de textos à une époque ; c'était le début d'Internet et des messageries, on pensait que tout s'effaçait instantanément. L'idée est que ça ne faisait pas preuve à l’époque. Or il y a des traces de ces échanges.

Comment raconter l'horreur, la torture ?

Comment représenter des choses horribles ? (la torture, la guerre …). Cela pose pleins de questions sur l’image, son traitement. Dans le reportage sur le Liban, "Une héroïne ordinaire" ou l'histoire d'Antoinette Chahine ; le code couleur adopté est le noir et blanc. Comment la dessinatrice Zeina Abirached montre-t-elle l’horreur ? Elle laisse le lecteur se faire sa propre image.

Pourquoi ce titre ?

Etre là avec Amnesty International, ce titre raconte une manière de s’engager, d’être présent au monde ET aux côtés des engagements d’Amnesty International.

 

L'action menée par l'AJ Bonaparte

A l'issue de cet échange avec les élèves, l'Antenne Jeunes du lycée a proposé un petit goûter pour célébrer les 70 ans de la DUDH (Déclaration Universelle des Droits de l'Homme) rédigée en 1948 après la Seconde Guerre mondiale. Après la lecture d'un poème, les lycéens accompagnés de quelques enseignants ont entonné Imagine de John Lennon.

 

 

 

Exposition au Carré CDI

Enfin, l'exposition des planches de la bande dessinée Etre là est disponible au carré CDI jusqu'au 21 décembre 2018. Une sélections thématique est proposée pour aller plus loin dans la réflexion sur la lutte pour les droits humains.