Ciel mon placard ! au Liberté

Deux classes du lycée se sont rendues au Liberté pour la représentation scolaire de Ciel mon placard !, le vendredi 25 novembre dernier : la classe de 2D3 de M. Aubry, et celle de 1L1 de Mme Alimi.
Les élèves de Mme Alimi ont rédigé des critiques de la pièce, vous pourrez en découvrir deux ci-dessous.

Ciel mon placard ! Le vaudeville dépoussiéré

 

A la fois hommage et parodie, la pièce de Nicole Genovese revisite le théâtre de boulevard tout en le dynamisant. Absurde, outrancière, voire déroutante pour certains, on est ici face à un OVNI qui tord les codes d’un genre éculé.

Ciel, mon placard ! est une pièce de théâtre en trois actes écrite par Nicole Genovese et mise en scène par Claude Vanessa. Il était possible de la voir jouer le 25 et 26 novembre 2016, au Théâtre Liberté, à Toulon.

 

Alors que Dada Courte-en-bière désire visiter les Nouvelles Galeries, fraîchement inaugurées, avec son mari, Maxime, celui-ci annonce qu’il doit se rendre en Italie, au chevet de sa mère mourante. Elle cherche alors, de placard en placard, un nouveau compagnon avec lequel elle pourra visiter ces fameuses Galeries.

Quiproquos, mari cocu, placard où se cache l’amant : tout y est, c’est bien un vaudeville. Pourtant, dès les premières répliques, on casse immédiatement le genre : le mari sait qu’il est trompé et s’y complaît.

 

L’absurde, élément moteur de la pièce, fait alors son entrée et il faut s’y habituer : pendant 1h30, il sera à vos côtés. Et alors que le genre est connu de tous, ici, il est question de retourner les codes et de créer un décalage avec laquelle l’époque dans laquelle s’inscrit généralement le vaudeville. La bourgeoise côtoie l’homosexualité, l’ancienneté embrasse la modernité. Et n’est-ce pas là le pari de la pièce ? Installer, dans un contexte moderne, un genre pourtant déjà vieux ? Eh bien, dans ce cas, le pari est réussi. L’humour fonctionne et le tout atteint son climax dans la scène finale, une orgie d’absurde où le principe du retournement de situation est poussé à son paroxysme.

 

Ici, nul besoin de mille et un décors chargés en détails ; juste un mur, du mobilier et un tableau réversible, sans oublier le sempiternel placard, témoin discret de toute cette folie communicative. De ce placard, il sort toutes sortes de choses : des vêtements, des amants, des maris en pleine retraite ou encore une chanteuse finlandaise qui, le temps de quelques minutes, met en musique ce qui se raconte, allant même jusqu’à rapper – et la dame se débrouille très bien. Et alors que l’histoire, de par sa surcharge légère d’éléments, part dans tous les sens, les acteurs, eux, font de même. Leurs performances, parfois loin d’être parfaites il est vrai, dégagent un je ne sais quoi d’électrisant, donnant un rythme survolté à une pièce qui l’était déjà furieusement. Certains pourront toutefois reprocher la présence à outrance du sexe dans l’histoire. Mais le stéréotype du vaudeville n’est-ce pas le mari qui trompe sa femme et/ou inversement ? Alors, pourquoi ne pas aller plus loin, d’autant que le grivois, voire le scabreux, est bien incontournable dans le vaudeville. Et, encore une fois, la chose fonctionne, et ne fait que rendre l’atmosphère encore plus fiévreuse.Hommage percutant, parodie réussie, mise en scène minimaliste et acteurs survoltés, la combinaison est parfaite ; en plus de quoi, il y a Maurice Ravel. Que demander de plus ?

 

Louis Quattrini

Ciel, mon placard ! Une pièce légère, un vaudeville revisité au goût du jour

[…] Mon avis est nuancé ; j’ai apprécié les aspects du vaudeville, les intermèdes musicaux de la cantatrice finlandaise et ses couplets grivois qui étaient entraînants, de même que son rap inattendu. On retrouve bien les personnages typiques du vaudeville : le trio de la bourgeoise infidèle, le mari complaisant et l’amant, les domestiques sarcastiques… Le côté actuel de la pièce, la présence du couple homosexuel ayant un enfant, le langage contemporain, tout cela est séduisant. L’élément principal du décor est, comme le titre l’indique, le placard. Il y a beaucoup de changements de décors mais lui est toujours présent, ce qui peut être déstabilisant. Les costumes sont pour certains « anciens », comme la robe bourgeoise de Dada, et pour d’autres, modernes, c’est-à-dire jean et baskets.

 

J’ai moins apprécié les mimes de scènes de sexe, l’ambiguïté de la relation père-Louison et surtout l’homme qui montre ses fesses. L’intrigue est complexe, il y a une intrigue principale et des intrigues secondaires, si bien qu’on s’y perd facilement ; de plus, les révélations finales à la chaîne n’arrangent pas la compréhension de la pièce.

 

Au total, « Ciel, mon placard ! » est une pièce qui tient les spectateurs en haleine. Si vous aimez les rebondissements incessants, le comique, l’aspect déjanté de l’intrigue, les personnages loufoques, les dialogues absurdes et l’humour léger, c’est une pièce pour vous.

 

Marie-Charlotte Plaitano