Sortie au Camp des Milles

Le 21 avril, les élèves de 1S3, accompagnés de M. Aubry (lettres), Mme Lemaire (histoire-géographie) et Mme Gebelin (documentation), ont passé la journée à la Fondation du Camp des Milles.

Entrée Camp des Milles

 

Cette sortie a été financée par la Région PACA, dans le cadre de l'appel à projets "Camp des Milles". Vous trouverez le projet interdisciplinaire déposé par l'équipe enseignante en suivant ce lien.

 

La journée s'est articulée de la manière suivante : la matinée a été consacrée à la visite guidée de la fondation avec ses trois volets (historique, mémoriel et réflexif), et l'après-midi à un atelier autour des actes justes, au visionnage du film Les Milles de Sébastien Grall et à la visite de la Salle des Peintures.

 

 

La visite du Camp des Milles est organisée autour de trois thèmes :

  • Savoir (volet historique)
  • Voir (volet mémoriel)
  • Comprendre (volet réflexif)

Savoir

La visite s'ouvre par la projection d'un film introduit par la phrase "Chacun peut réagir, chacun peut résister, chacun à sa manière".

Ce film retrace rapidement l'histoire du Camp des Milles, ancienne tuilerie réquisitionnée en 1939 pour enfermer les "sujets ennemis", essentiellement des Allemands et des Autrichiens. La plupart du temps ces derniers n'étaient pas des nazis, mais des artistes (notamment surréalistes, comme Max Ernst, par exemple) et des intellectuels ayant fui le régime d'Hitler.

De juillet 1940 à 1942, le Camp des Milles connaît sa deuxième période, camp d'internement et de transit, sous le régime de Vichy.

A partir de l'été 42, il devient un camp de déportation vers Auschwitz (un "wagon du souvenir" est visible dans la cour, voir photo ci-dessous), et des femmes et des enfants y sont également enfermés.

 

 

De nombreux repères historiques, sur la situation en France et en Europe à partir de 1919 sont donnés par la guide, afin de permettre aux élèves de bien situer le contexte. Tout au long de la visite, des explications claires sont fournies, et l'importance des actes de résistance est soulignée, avec des exemples concrets, comme les actes des de l'OSEN (Oeuvres de Secours aux Enfants), des frères Bielski, de René Cassin, du Pasteur Manen ou d'Auguste Boyer.

 

Voir

La visite mémorielle permet d'appréhender les conditions de vie terribles des internés. Les grands couloirs, utilisés pour refroidir les tuiles à l'époque de l'usine, sont transformés en dortoirs, où l'on s'entasse, à même le sol de terre battue... Un seul point d'eau est disponible pour tout le monde, les latrines sont saturées, les problèmes d'hygiène insupportables, les internés n'ont presque rien à manger et sont victimes de la dysenterie...

Les élèves visitent certains lieux emblématiques, comme :

  • La "salle des pièces" (du temps de l'usine) ou "puits de lumière", le seul lieu éclairé et la pièce où se déroulent la vie culturelle et religieuse du camp
  • Die Katakombe, le cabaret qui a été mis en place par les détenus, en souvenir de son homonyme contestataire ouvert à Berlin de 1929 à 1935.
  • Le couloir des légionnaires
  • Le premier étage, où les hommes étaient enfermés
  • Le deuxième étage, quartier des femmes et des enfants, où une fenêtre est en permanence laissée ouverte en hommage aux suicidées du Camp

Comprendre

Le volet réflexif de l'exposition fait le point sur les mécanismes qui mènent au génocide. Les trois génocides du 20ème siècle (le génocide arménien de 1915, le génocide contre les Juifs et les Tsiganes pendant la seconde guerre mondiale et celui des Tutsis au Rwanda en 1994) ont été étudiés par un comité scientifique qui en a analysé les mécanismes :

  • Le terreau : moment de crise, où les tensions sociales, les préjugés et les stéréotypes augmentent
  • Etape 1 : "un résistible engrenage vers le pire", caractérisé par la recherche de responsables à la crise (-> discrimination, racisme) et l'émergence d'une minorité agissante, laissée libre par une majorité passive
  • Etape 2 : "de la démocratie au régime autoritaire", phase pendant laquelle la minorité agissante prend le pouvoir, par la force ou les urnes. Cette phase se caractérise par le muselage des médias, la manipulation des masses et la légalisation de la discrimination
  • Etape 3 : "l'extension des persécutions et des menaces contre tous", phase qui voit la déshumanisation du groupe persécuté

La guide insiste sur le fait qu'à chaque étape, des résistances sont possibles, et que celles-ci sont plus faciles en début de processus. Elle évoque différentes expériences sur les mécanismes individuels qui font que l'on peut devenir bourreau ou complice du pire, alors qu'on était un citoyen ordinaire : l'expérience de Milgram sur la soumission aveugle à l'autorité, l'expérience de Salomon Asch sur l'effet de groupe et le conformisme et l'expérience de Zimbardo sur le rôle de l'uniforme et la mise en exergue de "l'effet Lucifer".

La matinée se conclut par un film sur les trois génocides du 20ème siècle, et sur les recommandations de la guide qui demande à tous de rester vigilants, même aujourd'hui !

Atelier "les actes justes"

L'après-midi démarre par un atelier animé par la même guide, autour des actes justes. Les élèves visionnent des extraits du film La rafle, de Roselyne Bosch, qui revient sur la rafle du Vél' d'Hiv du 16 juillet 1942, et sont invités, après chaque extrait, à répondre aux questions de la guide et à réfléchir sur la notion d'acte juste.

Au cours de l'atelier, la guide explicite la notion d'antisémitisme et donne la définition des lois antijuives mises en place en France dès octobre 1940 et visant à exclure les Juifs de la société. Elle resitue également le rôle des personnages historiques qui apparaissent dans le film, tels que Pétain, Bousquet et Laval.

 

Le conflit de valeurs entre la loi et la morale personnelle est mis en lumière au cours de l'atelier, et les élèves comprennent qu'un acte peut être juste par rapport à la loi, mais injuste par rapport au sens moral. Lorsque ce qui est légal n'est plus légitime, la désobéissance est justifiée !

Les caractéristiques d'un acte juste dans le contexte de la deuxième guerre mondiale sont donc les suivantes :

  • L'acte est juste par rapport à la morale : le respect de la vie humaine passe avant celui de la loi
  • L'acte est accompli par des non-Juifs qui aident des Juifs
  • L'acte est désintéressé

17 personnes qui ont œuvré au Camp des Milles ont reçu le titre de "Juste parmi les nations".

Projection du film Les Milles

Le film de Sébastien Grall, Les Milles, sorti en 1995 a ensuite été projeté aux élèves. Cette comédie dramatique, avec Jean-Pierre Marielle, Ticky Holgado, Philippe Noiret, François Berléand, Kristin Scott-Thomas, Rüdiger Vogler... a permis aux élèves de mieux appréhender l'histoire du Camp des Milles, d'en découvrir un aspect passé sous silence pendant la visite (l'histoire du convoi fantôme), de retrouver des lieux visités le matin même et de découvrir d'autres actes de résistance.

Visite de la Salle des Peintures

  

 

La salle des peintures était le réfectoire des gardiens. Ces œuvres, autour de la thématique de la nourriture, ont vraisemblablement été demandées aux internés par la Direction du Camp. Leurs auteurs et  leur datation ne sont pas certains ; on pense qu'elles ont été réalisées entre l'automne 1940 et le printemps 1941. Elles attestent de la culture et de la technique artistique de leurs auteurs. En effet, de nombreux artistes ont été internés au Camp des Milles, qui a été un lieu d'émulation intellectuelle et artistique.

 

 

Pour en savoir plus : visitez le site internet du Site-Mémorial du Camp des Milles.