Les 1S3 et le LDP à Chateauvallon le vendredi 14 Octobre 2016

Dans le cadre de la CVLA « Découverte des arts et métiers du spectacle », les élèves de 1S3 et du LDP ( Lycée Des Possibles ) se sont rendus à Chateauvallon, accompagnés de leur professeur de lettres, Mme.Panzani , de Mme. Meissel, professeur-stagiaire, et de Mme. Deltorre, documentaliste.
David Bobée revient à Chateauvallon, avec « Paris », spectacle adapté du roman
« Mélo », de Frédéric Ciriez.

Dans la salle, avant le spectacle

 Un décor urbain minimaliste ; un  écran qui  projecte des images de la ville...
 Parfait, le Congolais, conducteur de camion poubelle le jour, se métamorphose le soir en véritable roi de la S.A.P.E. ( Société des Ambianceurs et des Personnes Elégantes, mouvement né à Brazzaville au temps de la colonisation française ).
Dans une brillante mise en scène et  beaucoup de poésie, la pièce montre au spectateur l’univers contrasté de la ville.
Les élèves se souviendront de cette fable des temps modernes menée par un trio d'acteurs-danseurs, au jeu très charnel propre au théâtre de Bobbée, qui ne laisse pas insensible.

 

 

 

 

Les élèves du lycée des Possibles  rendent compte de leur expérience dans cet article :

 

 

          Le Lycée des Possibles à Paris : Etre et paraître

Le vendredi 14 octobre, nous nous sommes rendus au Théâtre Châteauvallon afin d’assister au spectacle de David Bobee : Paris.

 

Décor et bande son

La scène est vide. Seuls de grands cubes blancs mobiles servent de décor, de découpage de l’espace, de meubles… d’outils pour occuper la scène.

L’association de ces cubes avec l’éclairage donne une impression de profondeur, une sorte de mise en scène en 3D. Des photos sont diffusées sur les cubes blancs : des images de Paris défilant à l’arrière de la scène, qui projettent l’univers des éboueurs la journée.  A un moment, on est même sur la  terrasse de l’appartement du personnage  avec vue sur Paris : grandiose !

Par ailleurs, le jeu de lumières donne plus de réalisme à la pièce. Réalisme que l’on retrouve dans le texte dit par le comédien : il nous donne les noms des rues par lesquelles il passe avec son camion et ses ripeurs . On est à Paris, avec lui .

Enfin la bande son est  un personnage à part entière : une chanson de Charles Aznavour, « Emmenez-moi » ouvre la pièce. Dans cette chanson on retrouve l’envie de changer de vie, de s’évader ; ce que semble éprouver le personnage .Sortir de ce quotidien qui ne le satisfait pas.  La chanson grésille à la fin comme si finalement, ce rêve était impossible…

 

 

 

Un comédien performant

La pièce dure 1h30 et pendant toute la durée du spectacle, le comédien (Marc Agbedjidji)  porte le texte de Frédéric Ciriez, Mélo à l’origine de la pièce. Il  endosse  plusieurs rôles : celui d’éboueur la journée, celui d’un homme face à la solitude une fois rentré chez lui, celui de « Parfait de Paris »,roi de la sape la nuit ….. et enfin lui-même à la fin.

Il est accompagné par deux autres comédiens : Marius Moguiba qui assure par la danse des sortes de transitions et donne la réplique au personnage principal. Quant à Angelo Jossec , jeune styliste dans la pièce, il sert de faire-valoir au personnage lorsqu’il se transforme en « Parfait de Paris ».Il le suit, l’abrite sous une ombrelle et se tait : clin d’œil aux habitudes des anciens colons ?

 

 

 

Un message philosophique et sociologique

Le texte et la mise en scène  transmettent différents messages : Cela fait 15 ans que le personnage –congolais d’origine – est en France. Sa seule progression au sein de la société française consiste à être passé du statut de ripeur à celui de chauffeur du camion benne… Cette réalité interroge la notion d’intégration .

Pour sortir de cette réalité, le personnage s’invente une vie nocturne , celle du Sapeur. Là, il est le « roi de la nuit ». Là, il est vu et regardé contrairement à son quotidien d’éboueur. Là, il est quelqu’un : « Parfait de Paris » .Tout est dit dans le surnom choisi …Il s’offre, l’espace de la nuit, une compensation sociale.

Cependant son quotidien le poursuit : la couleur de ses vêtements de sapeur reprend celles de son uniforme d’éboueur. Sa condition lui colle à la peau.

Ce n’est qu’au moment où il se « désape » qu’il devient enfin lui-même. La morale réside peut-être dans cette ultime scène : accepter qui l’on est  et être accepté comme l’on est. Saisir la différence entre l’être et le paraître. Quitte à faire face à la solitude.