Concours Initiadroit sur le respect d’autrui et la laïcité : texte de Clément
Dans le cadre d’un concours, "La coupe nationale des élèves citoyens" dont le thème est cette année "respect d’autrui et laïcité", concours promu par l’association "Initiadroit", les élèves de TSTMG1 de Mme Harang (Philosophie) ont rédigé des plaidoiries : il s’agit d’écrire un discours pour défendre l’idée de "respect d’autrui et de laïcité".
Un jury examinera les travaux des élèves dans l’académie de Nice et les classes (ou groupes) sélectionnées iront à Paris en mars 2016 pour la finale ! 17 travaux d’élèves ont été transmis à Nice le 6 janvier 2016.
Pour pouvoir définir ce problème, nous allons montrer que les notions de croyance et de différences entre les individus sont importantes par rapport à notre vision d’autrui et ce qui en découle, le respect.
Il faut donc se demander ce qu’est une personne : nous allons montrer qu’une personne doit avoir du respect pour les autres personnes car tout être humain mérite notre considération... A travers ces étapes nous allons nous demander en quoi nous nous opposons et nous nous ressemblons. Nous pensons que le fait d’être différent enrichit notre mentalité et notre culture du monde.
Il faut savoir que tout d’abord la notion de croyance religieuse n’est pas définie de la même manière par tout le monde du fait de sa multiple interprétation qui varie selon les cultures. Tout le monde n’est pas forcément croyant et ne partage pas les mêmes croyances selon que ces personnes soient athées, c’est à dire sans croyance, ou qu’elles aient des croyances religieuses ou de de tout autre nature.
Si nous ne pouvons nous accorder sur une même croyance ou idée parce que chacun de nous a des croyances distinctes, alors il semble difficile de savoir, en fonction de notre vécu, de notre expérience, quelle croyance est vraie ou fausse. C’est donc une question complexe et qui dépend de la volonté de chaque individu de se montrer tolérant ou intolérant, c’est-à-dire de supporter des idées distinctes des siennes. La notion de différence témoigne à la fois de notre identité et de notre singularité en tant qu’être humain.
Pour répondre à la question de la nature d’une personne, il faut distinguer d’abord la personne de la « chose ». Ces deux termes sont définis par la notion de valeur : la personne a une valeur absolue, c’est-à-dire inestimable et qui n’a pas de prix à proprement parler ; quant à la « chose », on peut définir sa valeur comme « relative » ; par exemple un prix. C’est par cette distinction qu’on peut donc attribuer du respect à une personne et prendre soin uniquement d’une « chose ». Il semble évident, par cette distinction entre une « chose » et une « personne » que seul l’être humain a droit au respect.
Le terme de « respect » désigne le fait de prendre en considération la personne ou de lui attribuer de l’importance. Le respect est une des valeurs fondamentales de l’être humain car il est nécessaire à une communication construite entre individus et en quelque sorte implique le partager les idées de chacun. On peut par conséquent faire avancer les idées et évoluer en fonction de nos expériences et de notre vécu.
Dans le cas contraire, si une conversation entre individu n’est pas effectuée avec respect des interlocuteurs, il s’ensuivra une discussion décousue de par les différents points de vue que chacun avance de façon chaotique.
Pour illustrer ces propos prenons deux individus nommés A et B, le sujet de leur discussion porte sur la laïcité. La personne A va tenter de faire valoir son argument à la personne B. Si A néglige la personne B et lui manque de respect alors cette dernière va répliquer : le sujet même de la laïcité sera mis de côté afin de mettre fin au litige entre ces deux personnes.
A travers cette situation on peut donc en conclure que le respect d’autrui se fonde sur le respect de ses valeurs et de ses croyances.
Cette valeur de notion fondamentale est bien mise en valeur dans cette citation de Gibran Khalil Gibran, poète et peintre libanais :
« Celui qui, par quelque alchimie sait extraire de son cœur, pour les refondre ensemble, compassion, respect, besoin, patience, regret, surprise et pardon crée cet atome qu'on appelle l'amour. On a donc bien avec ce mot, « l'amour », cette notion idéalisée de respect au sein d’autres valeurs tout aussi fondamentales à la vie. »
La notion de laïcité est définie par le respect des religions, des croyances : ainsi, la liberté de conscience devient une valeur fondamentale indépendamment des croyances, de la religion, de la culture d’un individu.
Comme le définit Arthur Schopenhauer dans Parerga et paralipomena :
« L’homme est noir ou tout au moins brun foncé. C’est donc là, sans distinction de race, la véritable couleur naturelle et particulière de la race humaine, et il n’y a jamais eu de race naturellement blanche. Parler d’une telle race et partager puérilement les hommes en race blanche, jaune et noire, comme le font encore tous les livres, c’est témoigner d’une grande étroitesse d’esprit et d’un manque de réflexion. »Jean
Jaurès affirme dans le même sens :
« C’est qu'au fond, il n'y a qu'une seule race : l'humanité. »
Cette notion de laïcité se décline aussi au niveau de l’éducation et de l’apprentissage. Il y a cependant une autre signification de laïcité : vivre dans un pays laïc c’est vivre dans un pays qui n’impose pas de dogme et dans lequel aucune religion ne rythme les secteurs économiques politiques ou sociaux.
Cette laïcité a permis des échanges de pensées et d’opinions entre tous, sans être séparés par notre pays d’appartenance, notre culture d’origine. C’est grâce à cette laïcité que les esprits ont changé et sont devenus plus ouverts, plus respectueux des autres. Cela a permis des régions multiculturelles et riches en valeurs du patrimoine ainsi que du savoir-faire, les coutumes, les sciences …
Chaque religion et chaque croyance peuvent contribuer à des visions différentes et peuvent nous enrichir dans notre manière de penser et de vivre. En quelque sorte, nous pouvons ouvrir les yeux sur un monde aux multiples visages et ainsi découvrir une nouvelle vision du monde qui nous élève.
Ce partage de culture permet aussi à l’homme d’évoluer dans un environnement nouveau et donc de s’adapter à d’autres horizons.
Comme le dit Pierre Reverdy, poète français associé au mouvement du cubisme et début surréalisme, d’après Le Livre de mon bord (1930-1936) :
« Les civilisations sont les fards de l'humanité ».
C’est par le respect de l’humanité d’une personne que le vivre-ensemble est possible ; une sorte d’unité humaine qui permettra à l’homme de varier sa façon de penser tout en restant libre et ouvert aux autres.
Garantir la richesse culturelle, scientifique et morale d’une civilisation, c’est garantir le respect des individus, et de ce fait c’est faire du principe de laïcité le pilier de toute civilisation.
Clément Perrochon, TSTMG1