Concours Initiadroit sur le respect d’autrui et la laïcité : texte de Rachida

Dans le cadre d’un concours, "La coupe nationale des élèves citoyens" dont le thème est cette année "respect d’autrui et laïcité", concours promu par l’association "Initiadroit", les élèves de TSTMG1 de Mme Harang (Philosophie) ont rédigé des plaidoiries : il s’agit d’écrire un discours pour défendre l’idée de "respect d’autrui et de laïcité".

Un jury examinera les travaux des élèves dans l’académie de Nice et les classes (ou groupes) sélectionnées iront à Paris en mars 2016 pour la finale ! 17 travaux d’élèves ont été transmis à Nice le 6 janvier 2016.

Laïcité

Texte de Rachida

 

Le respect est un sentiment de considération envers une personne, et qui porte à la traiter avec des égards particuliers. Avoir du respect pour quelqu’un c’est le traiter avec considération et estime afin de ne pas lui porter atteinte ou préjudice. Le mot « respect » vient du latin respectus, « égard », « considération ». Le respect peut être simplement une marque de politesse, une formule convenue, mais par ailleurs, le respect d’autrui s’impose par le sentiment et la reconnaissance que l’on a de sa valeur en tant que personne.

Chez Kant, ce terme prend un sens particulier. Le respect ne relève pas du sentiment et de la sensibilité, mais de la loi morale érigée par la raison pratique. Le respect devient donc une obligation morale. Avant tout autrui c’est l’autre, le différent, celui qui n’est pas moi. Cependant cette altérité ne suffit pas à définir autrui. S’il n’est pas moi, il est aussi mon semblable, mon alter ego, c’est-à-dire un autre moi et un autre que moi. S’interroger sur autrui, c’est s’interroger sur la double structure du sujet et de l’objet.

Descartes ne tient pas compte de cette dimension à travers son cogito ergo sum, et pour lui, la conscience de soi ne passe par autrui. Pour Hegel, autrui apparaît comme essentiel à la constitution de la conscience de soi.

La laïcité repose essentiellement sur le rapport entre la politique et le religieux. Le principe même de la laïcité consacre l'instauration de la séparation entre l'église et l'Etat. L'autorité religieuse renonce à influencer l’autorité politique et sociale c'est-à-dire ne prendre aucune décision politique en rapport avec la religion. La laïcité permet l'égalité entre les différentes religions, les personnes vivent en fonction de leurs croyances sans pour autant influencer autrui, elle permet le respect de l'autre puisque toute personne doit respecter l'autre, peu importe ses croyances et ses différences.

Comme le confirme Condorcet, l'égalité est primordiale dans une société car sans égalité on ne peut être libre et la justice disparait :" Il ne peut y avoir ni vraie liberté ni justice dans une société si l’égalité n’est pas réelle ".

La laïcité porte en elle des valeurs morales. A juste titre, Jean Jaurès affirme que le terme "laïcité" n'est pas neutre. En effet, la laïcité préserve la liberté de conscience des citoyens et l'égalité de tous les citoyens indépendamment de leurs convictions. La liberté de conscience est l'un des piliers principaux de la laïcité.
Toute personne est en droit de donner son opinion au niveau religieux, politique, philosophique...

Il s'agit "de concilier les principes de la séparation des églises et de l'Etat avec la protection de la liberté d'opinion, que garantit en outre la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen comme le souligne Jean Baubérot. Ainsi Régis Debray affirme dans le rapport sur l’enseignement du fait religieux avec raison : « La laïcité n’est pas une option spirituelle parmi d’autres, elle est ce qui rend possible leur coexistence, car ce qui est commun en droit à tous les hommes doit avoir le pas sur ce qui les divise. » C’est au travers des valeurs humaines qu’il est possible de développer sa relation aux autres, de travailler avec l’autre en coopération, de dialoguer ensemble et de résoudre les conflits. C’est grâce à nos différences que l’on peut avancer et apprendre ; respecter l’autre revient à respecter ses différences et se respecter soi-même puisque personne n’est identique : une personne est l’héritage d’une tradition, d’une culture et c’est pour cela que la laïcité existe : la laïcité permet l’égalité et instaure le respect.

L'être humain n'est ni une nature, ni un pur esprit mais un mouvement par lequel il se réalise c'est à dire que la dignité de l'homme tient à sa liberté comme l'explique Pic de la Mirandole. Cette dignité lui donne une valeur qui mérite le respect. Le respect d'autrui est un des premiers principes que nous devons suivre pour que la vie en société soit possible. Nous devons respecter l'autre puisque nous reconnaissons qu'il est un autre nous-même, c'est notre égal bien que ce ne soit pas nous. Le respect d'autrui est basé sur l'acceptation d'un principe d'égalité entre les hommes, respecter les différences de l'autre c'est le principe de la laïcité. Respecter autrui c'est aussi lui accorder le statut de « personne», « une personne » est considérée comme douée de conscience et de raison, elle est libre et responsable de ses actes et de ses décisions. Respecter autrui ne devrait pas être un "devoir" mais un principe de savoir vivre en société.

On ne peut estimer de façon générale que certaines personnes sont respectables et d'autre non selon nos critères personnels. Chaque être humain a une valeur absolue, et il ne peut avoir de "prix". L'homme n'est pas un objet car on ne peut l'utiliser selon Kant. L'être humain fait partie du "règne des fins" : "Agis de telle façon que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans celle d'autrui, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen".

Les premiers devoirs de l’homme sont des devoirs envers lui-même parce que c’est en lui-même que l’homme découvre en premier lieu ce qu’est la personnalité et l’humanité. Les devoirs envers soi sont le fondement des devoirs envers autrui. Ce sont les vertus qui nous guident pour prendre en compte l’humain lorsqu’on interagit avec un autre être humain, et cela crée ainsi le lien à autrui en touchant l’humanité de l’autre à partir de notre propre humanité.

Lorsqu'on respecte autrui cela revient à accepter ses différences, c'est–à-dire à reconnaitre à l'autre son caractère d'individualité et de singularité. Le respect est une valeur primordiale sans laquelle les hommes ne peuvent vivre dans la même société, c'est à la fois une forme d'éducation mais aussi un devoir envers autrui. Toute personne se doit de respecter celui qui lui ressemble mais aussi celui qui se distingue de lui par sa culture, sa langue, ses coutumes, sa religion.

C'est le principe même de la laïcité. Toutefois on peut se questionner si on doit accepter, au nom du respect et la laïcité tous les comportements de l'autre. La laïcité ne consiste pas à accepter autrui « tel qu'il est », avec son égocentrisme, ses colères...mais à le conduire de la nature à la culture, c'est-à-dire à se montrer capable de RESPECT.

 

Rachida Boumaghdar, TSTMG1